Salut ,
Ce poème dominé par le Spleen
On y voit l'angoisse du poète face au passage du temps :
Le temps est omniprésent dans le poème
On relève tout d'abord le champ lexical du temps et de la durée : « Bientôt », « trop courts »(v. 1-2), « déjà »< (v. 3), « en grande hâte » (v. 14), « hier » (v. 15), « aujourd'hui » (v. 18), « éphémère »(v. 23), « courte » (v. 25).
Baudelaire reprend ici le motif romantique traditionnel de la fuite du temps
Cette fuite est évoquée principalement à travers le cycle des saisons :« étés » (v. 2), « l'hiver » (v. 5), « l'été » (v. 15, v. 27), bien sur « l'automne » (v. 15, v. 24).
Le passage du temps est renforcé par la conjugaison. En effet, on passe du futur au présent ou du présent au passé : « plongerons » (v. 1), « J'entends » (v. 3), <« va rentrer »(v. 5), « sera » (v. 8), « J'écoute », « on bâtit » (v. 9-10), « est » (v. 11), « Il me semble », « on cloue » (v. 13-14), « c'était » (v. 15), « sonne », « J'aime » (v. 16-17), …<
Le passage du temps est pour le poète vecteur d'angoisse
Ainsi, l'approche de l'hiver entraîne une accumulation de sentiments négatifs marqués dans l'énumération de la deuxième strophe : « colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé » (v. 5-6).
Par ailleurs, l'arrivée prochaine de l'hiver est synonyme de mort. On trouve ainsi dans le poème un vaste champ lexical de la mort : <« ténèbres » (v. 1), « Adieu », « funèbres » (v. 2-3), « l'échafaud » (v. 10), <« cercueil » (v. 14), « la tombe » (v. 25).
L'angoisse du poète face au temps est accentuée par une personnification de l'hiver et de la mort : « Tout l'hiver va rentrer dans mon être »(v. 5), « La tombe attend ; elle est avide ! »(v. 25).
La mort, qualifiée par l'adjectif « avide », apparaît comme une figure vampirique
Enfin cette angoisse de la mort constitue une souffrance physique et morale, ce qui transparaît notamment à travers les comparaisons : « Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé » (v. 8), « Mon esprit est pareil à la tour qui succombe/Sous les coups du bélier infatigable et lourd »<(v. 11-12).
C'est un chant mélancolique :
Le poète est en proie au spleen, sentiment mélancolique lié à la fuite du temps.
Cette mélancolie est ici liée à la fin de l'été que Baudelaire évoque avec nostalgie : « en regrettant l'été blanc et torride »(v. 27).
Ainsi, la fin de « l'arrière-saison » (v. 28) est vécue comme la perte irrémédiable d'une chose chère : « Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! » (v. 2), « C'était hier l'été ; voici l'automne! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ » (v. 15-16).
La mélancolie du poète s'exprime à travers la monotonie : « bercé par ce choc monotone » (v. 13).
Ce chant d'automne monotone (les deux termes sont d'ailleurs liés par la rime (aux vers 13 et 15) est marqué par la régularité de l'alexandrin et l'assonance en « ou »qui renforcent la sensation de bercement :« nous », « courts » « cours » (v. 1 à 4),« Tout », « rouge » (v. 5 et 8), « J'écoute », « sourd », « tour », « sous les coups », « lourd » (v. 9 à 12), « cloue » (v. 14), « Douce », « tout aujourd'hui », « ni votre amour, ni le boudoir » (v. 18-19), « pourtant », « pour », « Amante ou sœur, soyez la douceur », « ou d'un soleil couchant » (v. 21 à 24), Courte tâche ! », « genoux »<, « Goûter », « doux »(v. 25 à 28).
Finalement, dans « Chant d'automne», Baudelaire reprend au romantisme le thème traditionnel de la fuite du temps à travers le cycle des saisons.
Dans ce chant mélancolique, le poète exprime son angoisse à travers la nature et la musicalité.
Ses perceptions amplifiées donnent au poème une dimension à la fois tragique et subjective importante que l'on peut retrouver dans d'autres poèmes comme l'Horloge par exemple.
La femme et la poésie apparaissent comme un soulagement temporaire, laissant le spleen s'installer dans le cœur du poète.
Source : https://commentairecompose.fr/chant-d-a ... audelaire/